mais ça va aller
[commandes d’écriture]
PHOTO : DANIEL LLOYD BLUNK-FERNÁNDEZ
ALEX – Ouais, donc : faire de la pédagogie. Sans prendre les gens pour des cons, évidemment.
ALBAN – Subtil, quoi. Mais clair.
ALEX – Faire de la pédagogie, et en faire un truc un peu fun, lisible et fun. Au lieu de faire des définitions générales, on prendrait deux exemples, mettons : un retraité et un jeune actif, on présenterait les deux, et on expliquerait qui cotise pour quoi.
HERVÉ – Dit comme ça, c’est pas super sexy.
ALEX – Ouais mais faut rendre ça drôle.
ALBAN – Un peu coloré.
AMINE – Un peu second degré.
ALEX – Comme si c’était un programme éducatif de France 4, genre. Mais parodique, quoi.
HERVÉ – Ouais, OK, ça peut être drôle. On fait quelques capsules pédagogiques avec un panel différent à chaque fois, on présente le système actuel, on prépare le terrain pour la réforme, on joue l’humour, OK. Efficace.
ALBAN – Subtil, quoi. Mais clair.
ALEX – Faire de la pédagogie, et en faire un truc un peu fun, lisible et fun. Au lieu de faire des définitions générales, on prendrait deux exemples, mettons : un retraité et un jeune actif, on présenterait les deux, et on expliquerait qui cotise pour quoi.
HERVÉ – Dit comme ça, c’est pas super sexy.
ALEX – Ouais mais faut rendre ça drôle.
ALBAN – Un peu coloré.
AMINE – Un peu second degré.
ALEX – Comme si c’était un programme éducatif de France 4, genre. Mais parodique, quoi.
HERVÉ – Ouais, OK, ça peut être drôle. On fait quelques capsules pédagogiques avec un panel différent à chaque fois, on présente le système actuel, on prépare le terrain pour la réforme, on joue l’humour, OK. Efficace.
C’est l’histoire de Michel. Michel a soixante-deux ans, et après un certain nombre d’annuités, Michel profite enfin de sa retraite. Après avoir bossé pendant seize ans dans une usine métallurgique, Michel s’est mis à souder des décors pour des compagnies de théâtre régionales. Il a alors découvert les joies de l’intermittence. Toute sa vie d’intermittent, Michel a prêché très fort pour la répartition du travail, et n’a jamais fait beaucoup plus que ses cinq-cents sept heures, au nom de la solidarité entre les travailleurs. Si on soude, on est ouvrier. Et entre ouvriers, on est solidaires. C’est comme ça. Sauf que la retraite de Michel, elle s’en fiche des allocations de retour à l’emploi, et Michel se retrouve avec à peine mille euros de retraite par mois parce qu’il a un peu trop partagé le travail.
C’est l’histoire d’Hervé. Hervé a un âge quelconque, un âge qui n’est pas très important car son âge, c’est une catégorie : les jeunes actifs. Son âge, c’est l’âge de cotiser. Hervé cotise pour la retraite de Michel, et ça lui va très bien. Après tout, c’est comme ça que ça marche, et Hervé n’a jamais trop mis le nez sur ses fiches de paye pour savoir à quoi et pour qui il cotise. Sauf que par un revers inconnu dont la vie a le secret — inconnu et pas très important car somme toute très banal — Hervé devient soudainement un jeune inactif. Un jeune un peu trop vieux pour bénéficier des dispositifs d’accession à l’emploi des jeunes. Bon. Hervé est soudain un jeune pas très jeune mais tout à fait inactif. Et Hervé cotise toujours pour la retraite de Michel.
Et bien ça, c’est à la mascotte du ministère de nous l’expliquer, dans son nouveau programme éducatif consacré au système de retraite français.
Dans le cahier des charges de ce programme, il faut donc :
C’est l’histoire d’Hervé. Hervé a un âge quelconque, un âge qui n’est pas très important car son âge, c’est une catégorie : les jeunes actifs. Son âge, c’est l’âge de cotiser. Hervé cotise pour la retraite de Michel, et ça lui va très bien. Après tout, c’est comme ça que ça marche, et Hervé n’a jamais trop mis le nez sur ses fiches de paye pour savoir à quoi et pour qui il cotise. Sauf que par un revers inconnu dont la vie a le secret — inconnu et pas très important car somme toute très banal — Hervé devient soudainement un jeune inactif. Un jeune un peu trop vieux pour bénéficier des dispositifs d’accession à l’emploi des jeunes. Bon. Hervé est soudain un jeune pas très jeune mais tout à fait inactif. Et Hervé cotise toujours pour la retraite de Michel.
Comment ça se fait ?
Pourquoi Hervé cotise toujours pour Michel ?
Et bien ça, c’est à la mascotte du ministère de nous l’expliquer, dans son nouveau programme éducatif consacré au système de retraite français.
Dans le cahier des charges de ce programme, il faut donc :
- Michel,
-
Hervé,
-
Véronique (qui ça ?),
-
Une mascotte en peluche avec une intermittente dedans,
-
Du faux sang (un peu),
- Et une piñata à l’effigie du ministre de son choix.
texte commandé en novembre 2019, par la compagnie Lumière d’Août (Rennes).
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