chien fou
avec adrien ciambarella
C’est un soir de fin de semaine.
Il y a un arrêt de bus.
Chien Fou attend. Fin de service. Il attend quand même. Il était prêt à partir en soirée mais son portable s’est éteint, et maintenant il attend, et maintenant il est perdu dans la ville. Il n’a pas l’adresse de la f$ete — impossible de se souvenir du nom de la rue, du numéro, du digicode. Alors Chien Fou erre sans meute et se heurte à la solitude de l’animal en perdition.
Il y a des gens saouls, des bouteilles en plastique avec de l’alcool dedans, des kebabs et Chien Fou aboie des chants dans la nuit pour appeler les siens.
LE CHIEN
N’EST PAS UNE MÉTAPHORE
N’EST PAS UNE MÉTAPHORE
On pourrait croire que Chien Fou ne parle pas de chien, pas vraiment. Que le titre ne serait à prendre qu’au figuré. Et, évidemment, notre personnage seul en scène fait partie decette espèce, indépendante, débraillée, dispersée, dépensant son énergie partout à la fois et n’en faisant qu’à sa tête. Photocopie de James Dean aussi imprévisible que l’original.
Certes.
Mais il n’est pas que chien pour l’image.
Et on verra ce qu’on verra.
LA SOLITUDE
(TOUT SEUL OU À PLUSIEURS)
(TOUT SEUL OU À PLUSIEURS)
Un solo qui parle de solitude — quoi de plus original. Mais la solitude dont parle Chien Fou, c’est aussi celle que l’on ressent quand on est avec du monde. Parce que la solitude, ça n’est pas seulement être tout seul : c’est aussi — et surtout — se sentir tout seul. Au milieu des foules, avec des ami·e·s, pendant les repas de famille : il s’agit d’explorer ces moments de décalage, de décrochage, durant lesquels on fait soudain le constat de sa solitude. Ça peut durer dix secondes comme une heure, le résultat est le même. Chien Fou propose de superposer ces deux états : la solitude des corps et celle qu’on a, à l’intérieur.
LES FÊTES
OÙ ON N’EST PAS
OÙ ON N’EST PAS
FOMO. En anglais, c’est l’acronyme de Fear Of Missing Out. Cette peur de passer à côté de quelque chose, aujourd’hui, nous rattrape à chaque fois qu’on nous raconte ces soirées où on n’était pas, ou qu’on tombe sur les photos de nos ami·e·s au détour de Facebook / Instagram / Twitter / etc. Il est tout à fait possible de suivre la frise chronologique de leurs vies nocturnes ou de nos vies manquées en scrollant jusqu’à ce que l’angoisse l’emporte.
Il n’y a pas de place possible pour le regret, dans la peur de passer à côté. C’est une mécanique toujours tournée vers l’avant, et qui ne sait jamais se satisfaire de ce qu’offre le présent, parce que le présent est fait d’une seule chose à chaque fois — et qu’il y a tellement de possibles à côté desquels passer. Chien Fou fait l’apprentissage du lâcher-prise, tout au long du spectacle. De l’attente, il passera au serein d’être là, à l’instant T. Et on sera là, exactement au même moment, pour partager ce présent avec lui.
PETITES CHOSES
GRANDES ENVOLÉES
GRANDES ENVOLÉES
Il y a une petite histoire, celle d’une soirée manquée. Cette fenêtre de vie banale est vue par le prisme minuscule de l’anecdote, et pourtant elle évoque du plus grand : la faculté de l’homme à lutter contre sa solitude, une fois détaché des siens. Le serein des enragés, peut-être, gagné après de longues heures d’isolement. Les petits exils qui font les grandes histoires. Le plateau agit comme une loupe et nous offre l’aperçu, de loin, de quelque chose d’un peu plus grand. Du chien errant aux pieds des immeubles, à l’appel de la meute en haut d’une colline.
Car il y aura, à n’en pas douter,
un appel vers le haut.
Ce sera un spectacle vertical.
co-conçu avec adrien ciambarella
adrien ciambarella est comédien. Formé au Conservatoire à Rayonnement Régional de Saint-Étienne puis à la classe d’initiation de l’ENSAD, il collabore avec Le Collectif X dans plusieurs de leurs projets. Le dernier en date, « Mamma Medea », mis en scène par Clémentine Desgranges, a joué en février au Théâtre de l’Élysée à Lyon. Lauréat de l’édition 2020 des Talents Adami Théâtre, il joue actuellement dans Le Choeur, mis en scène par la metteuse en scène et chorégraphe Fanny de Chaillé.
spectacle annulé et non reporté en raison de la crise sanitaire.
les représentations étaient prévues du 28 au 30 mai 2020 au Théâtre du Verso (Saint-Étienne).
[LIRE DES EXTRAITS DU TEXTE]